Travail n°5 : nettoyer les curés à l’Ajax
Still Living Creature – "Lost Tracks EP"
by Still Living Creature
Compilation des premiers titres de Still Living Creature (enregistrés en 2007 et inédits)
Référence catalogue : ZC030
Pistes :
- Baron Samedi
- Looking For Money
- Summer Of Love
- War In Afghanistan
- Wire
Interview de MonsieurPaulLeBoulanger du 02/08/2010
Interview de MonsieurPaulLeBoulanger
par Le morse des mers
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Interview réalisée le 02/08/2010
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Dernières annotations le 03/08/2010
MonsieurPaulLeBoulanger fait figure de nouvel arrivant dans le cercle des pixel artists obscurs. Et pourtant, il s’avère être précurseur malgré lui dans le domaine. En effet, sa première oeuvre officielle a été publiée à la fin du siècle dernier…
Comment t’es-tu lancé dans le Pixel Art Obscur ?
Pour tout vous dire, je suis un précurseur qui s’ignore. J’entends par là avoir débuté dans le Pixel Art Obscur bien avant d’avoir entendu parler du mouvement officiel, en 1992/1993. Il s’agissait à l’époque de reproductions (malheureusement perdues) d’oeuvres originales d’illustres artistes. J’ai encore en mémoire ce « Tortue Géniale effectuant un puissant Kaméhaméha sur la gauche les jambes pliées à 90° en tenue orange ».
Comment as-tu connu ZC Virtual Underground Art Gallery ?
Vous savez ce que c’est, on se sent différent mais on sait au plus profond de soit que d’autres sont comme nous. Alors on cherche. Et on les trouve…
Qu’est-ce qui t’a convaincu d’y publier tes oeuvres ?
Le besoin d’extérioriser tout ce qui sommeille en moi principalement. La thune et la coke aussi un peu.
Ta première oeuvre, Bernard dans l’espace, a été conçue et publiée bien avant la naissance du mouvement PAO, peux-tu nous raconter la génèse de cette oeuvre ?
Quand je vous disais être un précurseur… cette oeuvre date de la fin des années 1990, j’étais déjà au sommet de mon art. Ce qui m’a d’ailleurs permis de remporter (haut la main je dois l’avouer) le concours Bernard le Canard1. Comme bien souvent, c’est oeuvre est flash, une vision à un moment T. J’ai tenté d’être le plus fidèle possible dans cette reproduction.
Le fond noir de l’oeuvre fait totalement ressortir les autres éléments, as-tu longtemps travaillé sur la coloration ?
Maintenant que vous le dites, je n’avais jamais remarqué que des couleurs vives sur un fond sombre permettait de faire ressortir ces couleurs… Une idée à creuser peut-être…
Selon la légende, le fait que tu ais opté pour un trait épais n’était pas vraiment un choix mais plutôt une contrainte car, selon les mauvaises langues, tu ignorais comment modifier la taille du pinceau sur le logiciel utilisé, cette rumeur est-elle fondée ?
Ma foi, je dois bien l’avouer, The Gimp n’a pas toujours été aussi accessible qu’aujourd’hui et mes début ont été pour le moins laborieux…
Au final, Bernard dans l’espace rappelle les imageries enfantines phosphorescentes, était-ce ton intention de départ ?
Un peu comme la tête de mort que j’avais eu dans un Pif-Gadget dans les années 80 ? Non, pas du tout. Un canard, aussi Bernard soit-il, n’a jamais ressemblé à un crâne.
Tes deux oeuvres suivantes, Si Rothko avait bossé sous paint 1 et 2, forment un dyptique. S’agit-il simplement d’un hommage au peintre Mark Rothko2 ou voulais-tu aller plus loin en jouant sur l’anachronisme suggéré par le titre (voir l’uchronisme en imaginant que Rothko ait survécu au moins jusqu’à la commercialisation des premiers ordinateurs personnels équipés du système Windows) ?
Un hommage, oui. Et un défi aussi. Je me suis mis au défi de réaliser des oeuvres aussi puissantes et pleines d’émotion que Mark avec une technique tout aussi simple. Je pense avoir pleinement réussi.
Peux-tu nous en dire plus concernant le choix des couleurs sur ces deux oeuvres ? Y fais-tu référence à de véritables peintures de Mark Rothko ?
« La pipette est le secret »
Avec Moellon in the Sky with Diamonds, dévoiles-tu un intérêt certain pour le moelloning ou la présence du moellon est-elle due à d’autres motivations ?
Je souhaitais depuis longtemps participer un jour au Moellon Project mais n’en ai eu la maturité et le potentiel que récemment. Le Moellon est l’avenir, « In Moellon I Trust » serais-je tenté de dire…
Les Beatles sont aussi source d’influence sur cette oeuvre. Es-tu un fan de ce groupe ? Ou exprimes-tu simplement un intérêt pour la musique en général ?
Qui ? Non, cette oeuvre évoque de manière cocasse et anecdotique une très belle interpretation de François-François3.
As-tu été influencé par d’autres oeuvres Pixel Art Obscur comme par exemple Le rat d’eau de la méduse (pour l’aspect oeuvre-rébus) ou Nuance de bleu foncé (pour le fond)4 ?
Non, j’essaye le plus possible de ne pas m’inspirer les artistes qui me suivent (rappellons le, je suis LE précurseur du PAO). J’ai plus puisé dans les rasters Amiga5 des démomakers et autres cieux des scrolling parallax.
Quand la technologie se met au service de l’Art, est une oeuvre marquante dans l’histoire du Pixel Art Obscur, à l’origine de la mode des oeuvres ‘QR Code’, peux-tu expliquer brièvement le principe aux néophytes ?
Quand je vous dit que je suis un précurseur ! Pour beaucoup, c’est « faire de la merde avec de la merde ». Mais on en est loin. Parvenir à sublimer un vulgaire code barre, tout multi-dimmensionnel soit-il, le transcender, le faire grandir et lui faire atteindre le rang d’oeuvre référence n’est pas à la portée de n’importe qui. J’ai bien conscience de ne pas réellement répondre à votre question mais il est nécessaire de conserver un peu de mystère… Surtout quand on voit avec quelle facilité n’importe quel adolescent prépubère, aidé par son fidèle Photoshop, se prétend artiste. Faut-il tout déballer sur la place publique ? Bien sûr que non, il faut restaurer et surtout respecter le secret de l’Artiste. Que seraient Messieurs David Copperfield6 ou David Lovering7 sans leur part de mystère?
Comment t’es venu l’idée d’associer un codage graphique au Pixel Art Obscur ?
Ne serait-ce pas ce que l’on appelle le Talent ? Non, le QR Code n’a pas qu’une vocation commerciale, et OUI, un QR Code peut-être beau… et en plus faire passer un message commercial, ce qui ne gâche rien.
Penses-tu que ce type d’oeuvre puisse être utilisé a des fins de propagande par des pseudo-artistes mal intentionnés ?
Si faire passer un message est de la propagande, alors oui. Quand vous parlez de « pseudo-artistes mal intentionnés », je pense que vous faites allusions à ces personnes qui m’ont plagié peu de temps après la diffusion du QR Code Originel ?
D’autres artistes ont depuis publié des oeuvres QR Code : Shangri-l avec Oeuvre QR Code et Le morse des mers avec Poisson écran plat. Que penses-tu de ces créations ?
Je pense que ma réponse précédente répond pleinement à cette question. Du plagiat. Si je pouvais manger leurs oeuvres, je le ferai, à l’image de Jean-Edern Hallier8 dévorant les (très) mauvais livres.
Ressens-tu une fierté à avoir participé activement à l’évolution du Pixel Art Obscur ?
Si je ressens une fierté à avoir fait naître ce mouvement dans le début des années 1990 ? Oui, assurément.
Tout comme Moellon in the Sky with Diamonds associait deux formes d’art (le moelloning et la musique), Tueurs NES fait de même avec deux autres domaines : le cinéma et le jeu vidéo. Voulais-tu exprimer deux de tes passions sur cette dernière oeuvre (comme tu as pu le faire sur la précédente) ?
Nintendo m’avait contacté afin de designer plusieurs de leurs produits au milieu des années 80. Mes excellentes propositions ont au final été écartées au profit d’un ridicule petit plombier. Il fallait que je fasse sortir ce démon qui me hantait. Et j’aime assez Oliver Stone.
Tueurs NES présente d’autres points communs avec Moellon in the Sky with Diamonds comme le dégradé de couleurs en fond et le côté ‘rébus’. Est-ce là une volonté de lier ces deux oeuvres dans le cadre d’une galerie thématique ? Si oui, envisage-tu d’autres opus sur le même schéma ?
Comme je l’ai déjà dit, le dégradé Amiga fait parti de ma vie, il ressort irrémédiablement, peut-être pas là où on l’attend le plus. En revanche j’ai toujours été mauvais en rébus et n’ai jamais voulu créer le moindre mouvement dans cette direction. Après, si cette thématique est utilisée par d’autre plagieur, je ne pourrais que reconnaitre la paternité de ce mouvement, une fois de plus.
Cette d’oeuvre PAO est ta dernière en date, envisages-tu de publier d’autres créations dans un avenir proche ?
Je suis actuellement en intensive phase de création mais pas artistique. Qui sait ce que l’avenir nous réserve ? Je pense qu’il me sera dans tous les cas toujours possible de poser les jallons d’un nouveau mouvement…
Que penses-tu des autres artistes publiant sur ZC Virtual Underground Art Gallery ?
Certains sont respectables et indéniablement bourrés. De talent j’entends. D’autre moins. Vraiment moins.
Peux-tu nous citer quelques oeuvres ayant retenues ton attention parmi celles de ces artistes ?
Oui, j’ai souvenance d’un Ma Xsara Picasso façon Picasso, de Vive les vacances à la mer9 ainsi que d’un Autoportrait10…
Outre le Pixel Art Obscur, tu t’es également essayé au moelloning en participant au Moellon Project avec Swimming Sainte Maxime. Qu’as-tu tiré de cette formidable expérience ?
Écoutez, pour une fois que je n’étais pas le père du mouvement, je souhaitais participer en toute simplicité. Ce que j’ai tiré de cette expérience ? Du sable dans les chaussures principalement.
As-tu d’autres passions ou activités en dehors de l’art underground ?
Assez parlé de moi, si nous parlions de vous maintenant ?
Propos recueillis par Le morse des mers
Annotations :
- Concours organisé par le site Bravo La France.
- Peintre américain expressioniste (1903-1970).
- Sosie grotesque de Claude François campé par Albert Algoud dans l’émission Nulle Part Ailleurs sur Canal+, interprétant le plus souvent des tubes internationaux en français d’une manière très… wizzzz.
- Deux oeuvres de Flure.
- Ordinateur personnels commercialisé par Commodore. Le plus populaire étant le modèle Amiga 500, principalement apprécié par les gamers et les demomakers.
- Célèbre prestidigitateur et illusioniste américain.
- Batteur des Pixies.
- Ecrivain et critique français (1936-1997).
- Deux oeuvres de Quatrelle sans elles.
- Oeuvre du morse des mers.
Tous droits réservés © ZC Virtual Underground Art Gallery
Carnival Guy
Bas Bush
Multi-tâches
Interview du Panda du 29/12/2008
Interview du Panda
par Le morse des mers
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Interview réalisée le 29/12/2008
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Dernières annotations le 28/07/2010
Le Panda, père fondateur du Pixel Art Obscur, nous fait l’honneur de répondre à nos questions à travers lesquelles il revient notamment sur la génèse du mouvement et la création de son site Panda Pixela, première vitrine du Pixel Art Obscur…
Comment est né le mouvement Pixel Art Obscur ?
Le Pixel Art Obscur est né un soir – je crois, oui, que c’était un soir – d’un mois de l’année dont je ne me souviens plus vraiment. Ce fameux peut-être soir là, je discutais avec ma compagne (qui se trouve être également webmestre du site Terra Pixela, blogzine français de référence sur le Pixel Art), du graphisme, et plus précisément, du pixel art traditionnel. Pour plaisanter, après avoir regardé ses créations, je lui ai lancé sur un air de défi : « Moi aussi je peux le faire ! ». Quelques images, quelques mots et, globalement, quelques dizaines de minutes plus tard, Panda Pixela était en ligne et le PAO dans son couffin, prêt à conquérir une partie du monde située, de façon assez indéterminée, entre « Pas du tout d’amateurs » et » Étonnamment beaucoup d’amateurs ».
Existe-t-il une appellation particulière pour les artistes adeptes du PAO ?
J’utilisais, sur Panda Pixela, le terme de pixel artist obscur. Libre à qui veut de l’utiliser également. Finalement, c’est surtout ce que ce nom représente qui prime : une envie assumée de s’exprimer par le dessin sans se soucier, ni des canons de l’esthétique, ni de la pédanterie des connoisseurs.
Pourquoi le site Panda Pixela ?
Parce que c’est rigolo. Voilà. Je crois que ça pourrait presque s’arrêter là. C’est rigolo. Si je voulais développer, je pourrais dire que c’est rigolo et qu’en plus, c’est sacrément créatif, mine de rien. Avec Panda Pixela, l’idée était d’ouvrir une fenêtre sur le possible en permettant à n’importe qui de créer sans exigence, ni de compétence, ni de qualité. Ce qui est intéressant, c’est que Panda Pixela a permis de promouvoir une attitude artistique qui peut finalement s’appliquer à n’importe quelle forme d’expression artistique. Vous aimez danser ? Alors dansez ! Peu importe que vos mouvements soient gauches ou que le rythme vous fasse défaut. Vous avez une émotion ou un message à communiquer. Pourquoi devriez-vous vous en priver au nom de l’esthétique ? Tombons les baillons et exprimons-nous sans retenue !
Peux-tu nous parler du contenu du site ?
Panda Pixela a, dès l’origine, été pensé comme un site à la fois personnel et communautaire. Ainsi, il était possible d’y trouver mes oeuvres mais également celles des internautes qui s’essayaient au Pixel Art Obscur. Qu’il s’agisse des unes ou des autres, elles étaient triées par galeries en fonction de la base (une sorte de canevas) utilisée par l’artiste. En plus de cela, Panda Pixela proposait trois autres galeries : une galerie de créations indépendantes, soient des oeuvres libres qui n’étaient réalisées à partir d’aucune base, Monochrome, une galerie à la fois riche, complexe et parfois, je l’admets, légèrement hermétique et Les yeux fermés, dans laquelle se trouvaient des oeuvres réalisées sans les yeux. C’est amusant, car je viens justement de terminer une oeuvre pour cette dernière section, intitulée La bataille de Nagashino (une célèbre bataille de l’histoire du Japon). En outre, le site proposait également un tutoriel permettant d’appréhender plus facilement le Pixel Art Obscur, et ce en expliquant, étape par étape, la création d’une oeuvre de PAO baptisée Rhinocéros avec joues bien pleines broutant un bonhomme de neige lors d’un combat de catch. Ajoutons à cela une section Adoptions et une autre consacrée aux Gifts, et vous comprendrez qu’à l’exception de l’espace interactif, Panda Pixela avait été conçu en prenant pour modèle les sites de Pixel Art traditionnel.
Le site ne se contente pas de présenter tes galeries, il y a une grosse partie interactive où l’internaute peut envoyer ses propres oeuvres. Ne prends-tu pas le risque de te mettre en concurrence sur ton propre site avec tes « élèves » ?
Je n’ai jamais eu l’intention d’instaurer ce type de relation avec les artistes qui me proposaient leurs oeuvres. Je n’avais pas grand chose à leur apprendre, à proprement parler. L’idée était plus, encore une fois, de proposer une approche du dessin qui fasse passer le message de l’oeuvre avant sa fidélité à une esthétique calibrée jusque dans ses dissidences. Il n’est donc pas question, avec le PAO, de concurrence. Si mes galeries sont séparées de celles des autres artistes présents sur le site, c’est simplement parce que Panda Pixela était, à l’origine, un espace personnel d’exposition. Rien de plus. D’ailleurs, c’est amusant car la prochaine version de Panda Pixela sera nettement plus axée sur ce principe d’interactivité et développera plus avant cette dimension communautaire qui est, je pense, absolument primordial à cette entreprise artistique.
Penses-tu que le succès de Panda Pixela est dû à l’interaction qu’il propose ?
Je pense, oui, et c’est tant mieux ! C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Panda Pixela v.2 développera encore davantage cet aspect-ci du site.
D’où est venue l’idée d’imposer des bases pour les oeuvres publiées (bien qu’il y ait une galerie libre) ?
Cela renvoie directement aux pratiques des pixel artists traditionnels qui, sur leurs sites personnels, mettent leurs bases à la disposition de la communauté entière. L’altruisme est un truc que je trouve globalement assez sympa.
Peux-tu nous en dire plus sur le choix de chacune de tes bases ?
J’ai choisi mes bases de façon à ce qu’elles soient des ponts qui facilitent l’accès au PAO à des publics très différents. Cette phrase n’est pas très claire, mais je me plais à écrire avec le même esprit que lorsque je dessine. En gros, je voulais toucher un peu tout le monde : pour les amateurs de base de pixel art traditionnel, il y a Narcisse et ses différents visages (renvoyant aux bases de dolls que les pixel artists connaissent bien) ; pour les amateurs d’art conventionnel, j’ai choisi les bases Arcimboldo et Giacometti, deux artistes qui étaient, tout de même, de sacrés bougres foutrement doués ; comme l’amour est un beau sentiment, j’ai décidé d’exprimer le mien avec la base Terra, et d’inviter ainsi tous les amoureux sur le site ; pour les amateurs de barbes, j’ai opté pour la base Thanos, qui a de la barbe et qui donc, je me suis dit, leur plairait puisqu’ils aiment ça, les barbes, les amateurs de barbes ; pour les amateurs de gens qui s’appellent Sébastien, j’ai choisi la base Sébastien, comme ça, c’était pas mal ; pour les aficionados de la diététique un peu bipolaires, Unpredictable banana ; pour les artistes morts lors d’un barbecue, Ghost and Sausages ; pour les amateurs d’art abstrait mais non ce n’est pas abstrait mais si quand même un peu puisque je te le dis que c’est abstrait ne me dit pas le contraire, la base Le martyre d’Ingres, un peu abstraite, quoi qu’on en dise ; pour les gens qui aiment Dante, Dante ; et enfin, pour les gens humbles et les amateurs de style épurés, la base Base. Voilà. J’avais estimé, sur le moment, qu’avec ça, je touchais les dix principales catégories de personnes à la surface du globe.
Pourquoi le site n’est plus mis à jour depuis le 23 juin 2006 ?
Le site n’est plus mis à jour depuis cette date pour deux raisons. La première, c’est que techniquement, il était pour moi beaucoup trop contraignant de le mettre à jour au quotidien, et la seconde, c’est que le site a rapidement été piraté. Ne maîtrisant que moyennement, et l’euphémisme, et la chose informatique, réparer les dégâts m’aurait pris un temps fou. De plus, cette dernière mésaventure m’avait paru si absurde que je n’avais pas forcément jugé bon de me battre pour relancer la machine. Je pense que j’ai commis deux erreurs à l’époque : ne pas prévenir les visiteurs du coma dans lequel avait été plongé le site, et sous-estimer la sympathie qu’avait suscitée le mouvement. Puis, au fil des semaines, on m’a régulièrement demandé des nouvelles du site, certains m’ont poussé à le relancer, d’autres reparlaient d’oeuvres qui les avaient touchés (comme Vieil homme nu au grand nez, par exemple, qui a vraisemblablement trouvé son public1). À tous, je répondais la même chose : « Seul, je n’y arriverai pas. Je n’entends rien à la programmation. ». Et puis des mains se sont levées et le projet a repris : Terra m’a proposé de retravailler l’ergonomie du site et son design général et Le morse des mers s’est penché sur les problèmes de programmation (base de données et gestion des membres). Au final, le projet avance bon train, et Panda Pixela devrait renaître de ses cendres dans les semaines à venir2 : toujours aussi roots et authentique dans l’intention mais plus ergonomique, plus attrayant, plus riche, bref, plus bien.
Que penses-tu de la communauté du site ZC Virtual Underground Art Gallery qui tâche de faire perdurer le PAO parallèlement à Panda Pixela ?
Je pense que cette communauté n’y est pas pour rien dans la renaissance du site puisqu’elle a contribué à ne pas laisser le PAO sombrer dans l’oubli. J’ai trouvé particulièrement extra que l’idée plaise et que des gens se l’approprient et s’en amusent malgré la disparition du site. Je suis allé voir l’intégralité des oeuvres présentes sur le site, et je dois dire que j’ai été fasciné par la palette de perspectives et de styles qu’offraient à apprécier la clique de Zircanews3. Pour parler un peu des oeuvres, j’ai particulièrement apprécier le superbe John Lennon, Eté, Tassin et l’intrigant Mainate Avec Des Pattes De Girafe Fumant Au Clair De Lune La Nuit de Shangri-l ; le surprenant La Morue du brillant Timmy O’Toole, qui intègre au dessin une technique que j’affectionne tout particulièrement, à savoir le collage ; le dérangeant Que le diable m’enschtroumpf !, de mon indécrottable et talentueux camarade, Le morse des mers ; l’absurde Est-ce que je te demande si ta grand-mère fait du vélociraptor ?, de l’excellent Discobilly ; l’enjôleur mais inquiétant White Ants de la surprenante Kiwigirlsclub, qui m’a littéralement transporté ; et enfin, le bluffant Qui a tué Charlie dans la bibliothèque avec le chandelier ? du tape-au-but, Flure, qui est une véritable petite merveille au niveau sémiotique. À titre personnel, j’espère que le nouveau site plaira à ces talentueux artistes et qu’ils se plairont à en devenir un peu les fers de lance. Dès que Panda Pixela v.2 sera mis en ligne, nous aurons besoin de volontaires pour le faire vivre et en faire la promotion. Un grand coup de chapeau, en tous les cas, à tous les dessinateurs de Zircanews3 et un salut tout particulier à un certain Shangri-l pour tout le travail fourni.
Les pixel artists considèrent souvent le PAO comme un art mineur et puéril (exemple de réaction : « ouais je faisais ça quand j’avais 6 ans »), qu’aimerais-tu leur dire ?
J’aimerais leur dire que lorsqu’ils disent avoir produit ce genre d’oeuvres lorsqu’ils avaient 6 ans, ils ont probablement raison, et que c’est tant mieux. Les enfants ont des choses à dire et, lorsqu’ils dessinent, les transmettent sous forme de dessins sans aucune retenue. Au final, c’est en grandissant que l’enfant va se dire que papa ne ressemble pas tant que ça à un bonhomme bâton au sourire figé de clown schizophrène, ni maman à un haricot sec coiffé d’une perruque en gribouillions, et va se censurer pour finalement laisser mourir son dessin et, au-delà de lui, son message. L’idée du PAO est justement de demeurer en permanence dans cet état d’insouciance qui nous protège du silence. En ce qui concerne cette histoire d’art mineur, il faut tout de même remettre les choses à leur place : le Pixel Art Obscur n’est pas un art à part entière mais plutôt une sorte d’expression zen et primordiale du graphisme. L’envie nous prend de dessiner un bonhomme, une maison, une scène confuse de bacchanale endiablée et, sans autocensure, nous y cédons. Le PAO n’a rien de moqueur, et les pixel artists obscurs, par essence, ne créent pas dans le but de singer les artistes traditionnels. Une oeuvre de PAO peut-être parodique ou engagée, mais cette orientation n’est jamais induite, ni par la nature essentielle du mouvement, ni par son intention première.
A quand le retour des mises à jour sur Panda Pixela ?
Mieux que des mises à jour, Panda Pixela va revenir sur la toile dans quelques semaines2. Si le design du site était minimaliste, il n’était pas dans mon intention première de fournir un site qui soit également minimaliste au niveau de la programmation. Panda Pixela était extrêmement pénible à mettre à jour et son ergonomie mal étudiée rendait la navigation relativement fastidieuse. Avec Panda Pixela v.2, l’idée est de proposer un site qui, s’il restera minimaliste au niveau visuel, sera nettement plus ergonomique et plus facile à mettre à jour. L’objectif est double : pour moi, d’avoir un site plus facilement gérable au quotidien ; pour les visiteurs et contributeurs (moi y compris), d’avoir accès à un site communautaire dans la veine, par exemple, d’un Deviant Art, avec des possibilité de commentaires, de favoris, et de galeries par membre.
Enfin, 2 ans et demi plus tard4, peux-t-on connaître en exclusivité les gagnants aux deux concours Géricault n’avait rien compris et C’est la saucisse qui a fait le coup ?
Malheureusement, ils n’ont pas encore été choisis ! Le jury, dont je ne fais pas partie, est prêt, et j’annoncerai les résultats dès que Panda Pixela v.2 sera en ligne ! Stay tuned !
Propos recueillis par Le morse des mers
Annotations :
- Cette oeuvre est également l’une des plus consultée sur ZC Virtual Underground Art Gallery.
- En projet au moment de l’entretien, le développement de la version 2 de Panda Pixela est depuis en standby. En attendant la reprise du projet, Le Panda a décidé de publier l’intégralité de ces oeuvres sur ZC Virtual Underground Art Gallery et ainsi faire l’honneur d’intégrer notre communauté d’artistes.
- Ancien nom de ZC Virtual Underground Art Gallery.
- 2 ans et demi au moment de la réalisation de l’interview mais 4 ans au moment de la publication de cette dernière.
Tous droits réservés © ZC Virtual Underground Art Gallery