Interview du Panda du 29/12/2008

Interview du Panda

 par Le morse des mers

 

  • Interview réalisée le 29/12/2008
  • Dernières annotations le 28/07/2010

  

  

Le Panda, père fondateur du Pixel Art Obscur, nous fait l’honneur de répondre à nos questions à travers lesquelles il revient notamment sur la génèse du mouvement et la création de son site Panda Pixela, première vitrine du Pixel Art Obscur…


 

Comment est né le mouvement Pixel Art Obscur ?
Le Pixel Art Obscur est né un soir – je crois, oui, que c’était un soir – d’un mois de l’année dont je ne me souviens plus vraiment. Ce fameux peut-être soir là, je discutais avec ma compagne (qui se trouve être également webmestre du site Terra Pixela, blogzine français de référence sur le Pixel Art), du graphisme, et plus précisément, du pixel art traditionnel. Pour plaisanter, après avoir regardé ses créations, je lui ai lancé sur un air de défi : « Moi aussi je peux le faire ! ». Quelques images, quelques mots et, globalement, quelques dizaines de minutes plus tard, Panda Pixela était en ligne et le PAO dans son couffin, prêt à conquérir une partie du monde située, de façon assez indéterminée, entre « Pas du tout d’amateurs » et  » Étonnamment beaucoup d’amateurs ».

Existe-t-il une appellation particulière pour les artistes adeptes du PAO ?

J’utilisais, sur  Panda Pixela, le terme de pixel artist obscur. Libre à qui veut de l’utiliser également. Finalement, c’est surtout ce que ce nom représente qui prime : une envie assumée de s’exprimer par le dessin sans se soucier, ni des canons de l’esthétique, ni de la pédanterie des connoisseurs.

Pourquoi le site Panda Pixela ?
Parce que c’est rigolo. Voilà. Je crois que ça pourrait presque s’arrêter là. C’est rigolo. Si je voulais développer, je pourrais dire que c’est rigolo et qu’en plus, c’est sacrément créatif, mine de rien. Avec Panda Pixela, l’idée était d’ouvrir une fenêtre sur le possible en permettant à n’importe qui de créer sans exigence, ni de compétence, ni de qualité. Ce qui est intéressant, c’est que Panda Pixela a permis de promouvoir une attitude artistique qui peut finalement s’appliquer à n’importe quelle forme d’expression artistique. Vous aimez danser ? Alors dansez ! Peu importe que vos mouvements soient gauches ou que le rythme vous fasse défaut. Vous avez une émotion ou un message à communiquer. Pourquoi devriez-vous vous en priver au nom de l’esthétique ? Tombons les baillons et exprimons-nous sans retenue !

Peux-tu nous parler du contenu du site ?
Panda Pixela a, dès l’origine, été pensé comme un site à la fois personnel et communautaire. Ainsi, il était possible d’y trouver mes oeuvres mais également celles des internautes qui s’essayaient au Pixel Art Obscur. Qu’il s’agisse des unes ou des autres, elles étaient triées par galeries en fonction de la base (une sorte de canevas) utilisée par l’artiste. En plus de cela, Panda Pixela proposait trois autres galeries : une galerie de créations indépendantes, soient des oeuvres libres qui n’étaient réalisées à partir d’aucune base, Monochrome, une galerie à la fois riche, complexe et parfois, je l’admets, légèrement hermétique et Les yeux fermés, dans laquelle se trouvaient des oeuvres réalisées sans les yeux. C’est amusant, car je viens justement de terminer une oeuvre pour cette dernière section, intitulée La bataille de Nagashino (une célèbre bataille de l’histoire du Japon). En outre, le site proposait également un tutoriel permettant d’appréhender plus facilement le Pixel Art Obscur, et ce en expliquant, étape par étape, la création d’une oeuvre de PAO baptisée Rhinocéros avec joues bien pleines broutant un bonhomme de neige lors d’un combat de catch. Ajoutons à cela une section Adoptions et une autre consacrée aux Gifts, et vous comprendrez qu’à l’exception de l’espace interactif, Panda Pixela avait été conçu en prenant pour modèle les sites de Pixel Art traditionnel.

Le site ne se contente pas de présenter tes galeries, il y a une grosse partie interactive où l’internaute peut envoyer ses propres oeuvres. Ne prends-tu pas le risque de te mettre en concurrence sur ton propre site avec tes « élèves » ?
Je n’ai jamais eu l’intention d’instaurer ce type de relation avec les artistes qui me proposaient leurs oeuvres. Je n’avais pas grand chose à leur apprendre, à proprement parler. L’idée était plus, encore une fois, de proposer une approche du dessin qui fasse passer le message de l’oeuvre avant sa fidélité à une esthétique calibrée jusque dans ses dissidences. Il n’est donc pas question, avec le PAO, de concurrence. Si mes galeries sont séparées de celles des autres artistes présents sur le site, c’est simplement parce que Panda Pixela était, à l’origine, un espace personnel d’exposition. Rien de plus. D’ailleurs, c’est amusant car la prochaine version de Panda Pixela sera nettement plus axée sur ce principe d’interactivité et développera plus avant cette dimension communautaire qui est, je pense, absolument primordial à cette entreprise artistique. 
 
Penses-tu que le succès de Panda Pixela est dû à l’interaction qu’il propose ?
Je pense, oui, et c’est tant mieux ! C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Panda Pixela v.2 développera encore davantage cet aspect-ci du site.

 

D’où est venue l’idée d’imposer des bases pour les oeuvres publiées (bien qu’il y ait une galerie libre) ?

Cela renvoie directement aux pratiques des pixel artists traditionnels qui, sur leurs sites personnels, mettent leurs bases à la disposition de la communauté entière. L’altruisme est un truc que je trouve globalement assez sympa.

 

Peux-tu nous en dire plus sur le choix de chacune de tes bases ?
J’ai choisi mes bases de façon à ce qu’elles soient des ponts qui facilitent l’accès au PAO à des publics très différents. Cette phrase n’est pas très claire, mais je me plais à écrire avec le même esprit que lorsque je dessine. En gros, je voulais toucher un peu tout le monde : pour les amateurs de base de pixel art traditionnel, il y a Narcisse et ses différents visages (renvoyant aux bases de dolls que les pixel artists connaissent bien) ; pour les amateurs d’art conventionnel, j’ai choisi les bases Arcimboldo et Giacometti, deux artistes qui étaient, tout de même, de sacrés bougres foutrement doués ; comme l’amour est un beau sentiment, j’ai décidé d’exprimer le mien avec la base Terra, et d’inviter ainsi tous les amoureux sur le site ; pour les amateurs de barbes, j’ai opté pour la base Thanos, qui a de la barbe et qui donc, je me suis dit, leur plairait puisqu’ils aiment ça, les barbes, les amateurs de barbes ; pour les amateurs de gens qui s’appellent Sébastien, j’ai choisi la base Sébastien, comme ça, c’était pas mal ; pour les aficionados de la diététique un peu bipolaires, Unpredictable banana ; pour les artistes morts lors d’un barbecue, Ghost and Sausages ; pour les amateurs d’art abstrait mais non ce n’est pas abstrait mais si quand même un peu puisque je te le dis que c’est abstrait ne me dit pas le contraire, la base Le martyre d’Ingres, un peu abstraite, quoi qu’on en dise ; pour les gens qui aiment Dante, Dante ; et enfin, pour les gens humbles et les amateurs de style épurés, la base Base. Voilà. J’avais estimé, sur le moment, qu’avec ça, je touchais les dix principales catégories de personnes à la surface du globe.

 

Pourquoi le site n’est plus mis à jour depuis le 23 juin 2006 ?
Le site n’est plus mis à jour depuis cette date pour deux raisons. La première, c’est que techniquement, il était pour moi beaucoup trop contraignant de le mettre à jour au quotidien, et la seconde, c’est que le site a rapidement été piraté. Ne maîtrisant que moyennement, et l’euphémisme, et la chose informatique, réparer les dégâts m’aurait pris un temps fou. De plus, cette dernière mésaventure m’avait paru si absurde que je n’avais pas forcément jugé bon de me battre pour relancer la machine. Je pense que j’ai commis deux erreurs à l’époque : ne pas prévenir les visiteurs du coma dans lequel avait été plongé le site, et sous-estimer la sympathie qu’avait suscitée le mouvement. Puis, au fil des semaines, on m’a régulièrement demandé des nouvelles du site, certains m’ont poussé à le relancer, d’autres reparlaient d’oeuvres qui les avaient touchés (comme Vieil homme nu au grand nez, par exemple, qui a vraisemblablement trouvé son public1). À tous, je répondais la même chose : « Seul, je n’y arriverai pas. Je n’entends rien à la programmation. ». Et puis des mains se sont levées et le projet a repris : Terra m’a proposé de retravailler l’ergonomie du site et son design général et Le morse des mers s’est penché sur les problèmes de programmation  (base de données et gestion des membres). Au final, le projet avance bon train, et Panda Pixela devrait renaître de ses cendres dans les semaines à venir2 : toujours aussi roots et authentique dans l’intention mais plus ergonomique, plus attrayant, plus riche, bref, plus bien. 
 
Que penses-tu de la communauté du site ZC Virtual Underground Art Gallery qui tâche de faire perdurer le PAO parallèlement à Panda Pixela ?
Je pense que cette communauté n’y est pas pour rien dans la renaissance du site puisqu’elle a contribué à ne pas laisser le PAO sombrer dans l’oubli. J’ai trouvé particulièrement extra que l’idée plaise et que des gens se l’approprient et s’en amusent malgré la disparition du site. Je suis allé voir l’intégralité des oeuvres présentes sur le site, et je dois dire que j’ai été fasciné par la palette de perspectives et de styles qu’offraient à apprécier la clique de Zircanews3. Pour parler un peu des oeuvres, j’ai particulièrement apprécier le superbe John Lennon, Eté, Tassin et l’intrigant Mainate Avec Des Pattes De Girafe Fumant Au Clair De Lune La Nuit de Shangri-l ; le surprenant La Morue du brillant Timmy O’Toole, qui intègre au dessin une technique que j’affectionne tout particulièrement, à savoir le collage ; le dérangeant Que le diable m’enschtroumpf !, de mon indécrottable et talentueux camarade, Le morse des mers ; l’absurde Est-ce que je te demande si ta grand-mère fait du vélociraptor ?, de l’excellent Discobilly ; l’enjôleur mais inquiétant White Ants de la surprenante Kiwigirlsclub, qui m’a littéralement transporté ; et enfin, le bluffant Qui a tué Charlie dans la bibliothèque avec le chandelier ? du tape-au-but, Flure, qui est une véritable petite merveille au niveau sémiotique. À titre personnel, j’espère que le nouveau site plaira à ces talentueux artistes et qu’ils se plairont à en devenir un peu les fers de lance. Dès que Panda Pixela v.2 sera mis en ligne, nous aurons besoin de volontaires pour le faire vivre et en faire la promotion. Un grand coup de chapeau, en tous les cas, à tous les dessinateurs de Zircanews3 et un salut tout particulier à un certain Shangri-l pour tout le travail fourni.

Les pixel artists considèrent souvent le PAO comme un art mineur et puéril (exemple de réaction : « ouais je faisais ça quand j’avais 6 ans »), qu’aimerais-tu leur dire ?
J’aimerais leur dire que lorsqu’ils disent avoir produit ce genre d’oeuvres lorsqu’ils avaient 6 ans, ils ont probablement raison, et que c’est tant mieux. Les enfants ont des choses à dire et, lorsqu’ils dessinent, les transmettent sous forme de dessins sans aucune retenue. Au final, c’est en grandissant que l’enfant va se dire que papa ne ressemble pas tant que ça à un bonhomme bâton au sourire figé de clown schizophrène, ni maman à un haricot sec coiffé d’une perruque en gribouillions, et va se censurer pour finalement laisser mourir son dessin et, au-delà de lui, son message. L’idée du PAO est justement de demeurer en permanence dans cet état d’insouciance qui nous protège du silence. En ce qui concerne cette histoire d’art mineur, il faut tout de même remettre les choses à leur place : le Pixel Art Obscur n’est pas un art à part entière mais plutôt une sorte d’expression zen et primordiale du graphisme. L’envie nous prend de dessiner un bonhomme, une maison, une scène confuse de bacchanale endiablée et, sans autocensure, nous y cédons. Le PAO n’a rien de moqueur, et les pixel artists obscurs, par essence, ne créent pas dans le but de singer les artistes traditionnels. Une oeuvre de PAO peut-être parodique ou engagée, mais cette orientation n’est jamais induite, ni par la nature essentielle du mouvement, ni par son intention première.

A quand le retour des mises à jour sur Panda Pixela ?
Mieux que des mises à jour, Panda Pixela va revenir sur la toile dans quelques semaines2. Si le design du site était minimaliste, il n’était pas dans mon intention première de fournir un site qui soit également minimaliste au niveau de la programmation. Panda Pixela était extrêmement pénible à mettre à jour et son ergonomie mal étudiée rendait la navigation relativement fastidieuse. Avec Panda Pixela v.2, l’idée est de proposer un site qui, s’il restera minimaliste au niveau visuel, sera nettement plus ergonomique et plus facile à mettre à jour. L’objectif est double : pour moi, d’avoir un site plus facilement gérable au quotidien ; pour les visiteurs et contributeurs (moi y compris), d’avoir accès à un site communautaire dans la veine, par exemple, d’un Deviant Art, avec des possibilité de commentaires, de favoris, et de galeries par membre.

Enfin, 2 ans et demi plus tard4, peux-t-on connaître en exclusivité les gagnants aux deux concours Géricault n’avait rien compris et C’est la saucisse qui a fait le coup ?
Malheureusement, ils n’ont pas encore été choisis ! Le jury, dont je ne fais pas partie, est prêt, et j’annoncerai les résultats dès que Panda Pixela v.2 sera en ligne ! Stay tuned !

 

Propos recueillis par Le morse des mers

 

 

Annotations :

  1. Cette oeuvre est également l’une des plus consultée sur ZC Virtual Underground Art Gallery.
  2. En projet au moment de l’entretien, le développement de la version 2 de Panda Pixela est depuis en standby. En attendant la reprise du projet, Le Panda a décidé de publier l’intégralité de ces oeuvres sur ZC Virtual Underground Art Gallery et ainsi faire l’honneur d’intégrer notre communauté d’artistes.
  3. Ancien nom de ZC Virtual Underground Art Gallery.
  4. 2 ans et demi au moment de la réalisation de l’interview mais 4 ans au moment de la publication de cette dernière.

Tous droits réservés © ZC Virtual Underground Art Gallery   

Interview de Flure du 02/07/2010

Interview de Flure

 par Le morse des mers

 

  • Interview réalisée le 02/07/2010
  • Dernières annotations le 20/07/2010

  

  

C’est en toute humilité que Flure s’est prêté au jeu de l’interview pour ZC Virtual Underground Art Gallery. L’occasion de revenir sur sa carrière de pixel artist obscur et sur les quatre oeuvres l’ayant faconnée…


 

Comment as-tu connu le Pixel Art Obscur ?

Je crois que c’est par Le morse des mers, je ne me souviens absolument plus comment il a porté cet art à ma connaissance mais c’est forcément par lui que j’ai connu le site de Panda Pixela1, car il me semble c’est la seule personne que je connaisse qui soit en relation avec l’auteur de ce site et créateur du mouvement.

Qu’est-ce qui t’as poussé à te lancer dans la création d’oeuvres Pixel Art Obscur ?

Je trouvais cela amusant, et lorsque Le Panda a lancé son concours sur Le Radeau de la Méduse, j’ai trouvé ça marrant, j’avais dix minutes à perdre… Et je me disais que si un jour ce courant artistique venait à être connu du grand public, j’aurais été parmi les pionniers, et alors à moi la gloire et la richesse, car je ne doute pas que les oeuvres de PAO se vendront un jour chez Sotheby’s !

Tu es effectivement l’un des pionniers du PAO pourtant on ne recense qu’une seule de tes oeuvres sur Panda Pixela et trois oeuvres supplémentaires exclusives à ZC Virtual Underground Art Gallery. Te définis-tu comme un pixelartist obscur occasionnel ou est-ce par soucis de privilégier la qualité à la quantité ?

Je suis définitivement un pixelartist obscur occasionnel, dilettante et procrastinateur. Mais aussi un fin stratège commercial : la rareté de mes oeuvres leur apporteront beaucoup de valeur dans le futur proche où le PAO sera recherché par les plus grands collectionneurs d’art obscur. Un jour, mes oeuvres trôneront certainement aux côtés de H.R. Giger dans les plus grandes galeries du bizarre et décalé !

L’oeuvre publié sur Panda Pixela, Le rat d’eau de la méduse, prend à contrepied les consignes du concours Géricault n’avait rien compris organisé sur ce site mais a tout de même été validé par le jury, comment as-tu réussi ce tour de force ?

J’ai vu les oeuvres qui avaient déjà été postées. La plupart reprenaient la scène originelle en ajoutant un brin d’humour (très bon d’ailleurs), que ce soit par une bulle de bande dessinée2 ou un autoportrait en caméo (je pense notamment à l’oeuvre3 du morse des mers). J’ai été impressionné par la qualité des oeuvres et le travail monumental fourni par les artistes, mais, en bon procrastinateur que je suis, il me fallait trouver un raccourci. J’ai opté pour ce PAO sous forme de rébus, ainsi je privilégiais l’originalité à la qualité du dessin. Je pense que c’est cela qui a séduit le jury.

Ce détournement traduit-il un style provocateur ou une intention particulière autre que provocatrice ?

Aucune intention particulière autre que celle d’aller vite. Je pense que mon art doit s’exprimer rapidement, de manière fluide, avant que ma procrastination ne prenne le dessus et m’empêche de terminer mon oeuvre. Rien de pire pour l’artiste que je suis que de commencer une oeuvre, et de se rendre compte à mi-chemin qu’elle ne sera jamais terminée, jamais publiée, et que la gloire et la fortune sont hors de portée !

 

Cette oeuvre est totalement vierge de toile de fond, les seules éléments présents étant le personnage de la Méduse, le rat et une étendue d’eau. Peux-tu nous expliquer ce choix artistique ?

Je me suis focalisé sur le sujet, et, encore une fois ma flemme a eu le bon sens de me dicter d’éviter les fioritures. Ainsi l’amateur peut passer plus de temps à analyser l’iconographie résultante du traitement décalé du sujet pour mieux appréhender la torpeur de l’âme de l’artiste au faîte de sa créativité.

Au delà du jeu de mot, cette oeuvre à une portée mythologique, es-tu un féru des contes et légendes greco-romaine de l’antiquité ?

J’aime beaucoup en effet, même si je ne suis pas très calé dans le domaine. Lorsque l’idée de la méduse mythologique (une des trois gorgonnes, ces demi-déesses maléfiques de l’antiquité grecque qui avaient le pouvoir de transformer qui les regardait en statues de pierre. Méduse est la plus célèbre, car elle fût vaincue par Persée, qui utilisa le son bouclier tel un miroir pour la vaincre. Enfin c’est ainsi que l’histoire est racontée dans le film « Le choc des titans ») m’est venue à l’esprit j’ai été séduit par son côté maléfique. Le fait de l’associer a un rat renforçait ce côté maléfique. A la base je voulais même donner un visage humain à ce rat, pour établir une référence à la nouvelle « La maison de la sorcière », de H.P. Lovecraft, mais cela était au-delà de mes talents de pixelartiste, aussi obscur sois-je.

Ta seconde oeuvre, Nuances de bleu foncé, détourne encore une fois un concept de  Panda Pixela : le monochrome. Est-ce une forme de rebellion de la dictature pandapixelienne ou une volonté de te démarquer des autres artistes ?

Je ne considère pas qu’il existe une dictature pandapixelienne, bien au contraire je ressens une liberté jamais vue dans aucun autre art (à part le free jazz peut-être, mais ça c’est aussi inécoutable que le romanichel qui fait la manche dans le métro en jouant la lambada au hasard et en boucle sur son accordéon). Non, ce qui m’a poussé à faire un dégradé plutôt qu’un monochrome, c’était encore une fois le rêve de gloire (et de richesse), que j’obtiendrai sans peine grâce au titre que j’estime avoir gagné dans la communauté pixelartobscurienne de part mon innovation dans le domaine, qui a fait avancer le mouvement d’un grand pas dans la couleur !

 

Comment as-tu travaillé les nuances de cette oeuvre ?

J’ai simplement choisi une nuance de base, puis j’en ai fait des bandes en éclaircissant peu à peu. Les Van Gogh et autres Klein n’ont qu’à bien se tenir…

 

Cette oeuvre est exclusivement publié sur ZC Virtual Underground Art Gallery, fait-elle partie des nombreuses oeuvres destinées à Panda Pixela  mais non publiées suite à l’arrêt des mises à jour sur ce dernier ?

Non, comme un peu toutes mes oeuvres de PAO, je l’ai créée dans un moment de désoeuvrement. J’aurais bien aimé qu’elle soit publiée sur le site Panda Pixela (avoir ses oeuvres sur le site qui a contribué à la génèse d’un mouvement artistique ne peut qu’apporter, la gloire la richesse etc.), mais le site était déjà « arrêté » depuis un moment. Mais je ne désespère pas qu’il publie un jour le restant de mes oeuvres, lorsqu’il aura repris les mises à jour de son site.

 

Lampe en équilibre instable non rattrappée par un gaucher un peu gauche, se rapproche du style de l’artiste Discobilly de part les effets d’ombre, le traits épais et les contours du cadre. Est-ce une coïncidence ou as-tu vraiment été inspiré par cet artiste ?

En fait, je pense qu’au départ c’est Discobilly qui a créé sa technique en s’inspirant de mon dégradé. Je ne peux lui en vouloir, tout le monde s’inspire de ses maîtres. Mais, rendons à César ce qui appartient à Julien : en effet, je me suis inspiré, voire j’ai plagié, son style. Il a une parfaite maîtrise du pixel, des ombrages et de la dynamique, et je dois avouer, même si cela fait un peu de mal à mon égo, que je suis assez fan du cadre qu’il offre à toutes ses oeuvres. En fait je le considère comme le deuxième pixelartiste obscur à avoir créé la plus grande avancée dans le mouvement (après moi et mon dégradé bien sûr).

 

Cette oeuvre est-elle autobiographique, au delà du fait que tu sois droitier dans la réalité ?

Pas du tout, j’ai plutôt pensé à un gaucher fameux pour sa gaucherie.

Etre gaucher est-il l’un de tes fantasmes ou s’agissait-il là d’un moyen pour que le message de ton oeuvre ait un meilleur impact ?

A vrai dire j’aimerais être ambidextre, pour pouvoir lacer mes chaussures de la main gauche tout en buvant mon café de l’autre. Hélas c’est impossible, car j’ai toujours besoin de mes deux mains pour lacer mes chaussures. J’ai donc abandonné cette idée.

A travers cette oeuvre, tu sembles dénoncer la mise à l’écart des gauchers en mettant en avant une idée reçue ou alors tu as voulu matérialiser les inconvénients d’être un gaucher dans notre société, qu’en est-il exactement ?

Etre gaucher est pour moi un des symboles de la maladresse. Ne dit-on pas « être gaucher comme un éléphant dans un magasin de porcelaine » ? J’ai voulu symboliser l’échec du maladroit à rattrapper cette lampe qui vacille, et va finalement s’éclater par terre, et la lumière va donc s’éteindre. Encore une oeuvre assez sombre, en lien assez direct avec Le rat d’eau de la méduse.

Es-tu solidaire de la cause des gauchers ?

Je leur souhaite d’accéder un jour à la droiterie, en ce sens je pense être solidaire, oui.

La lampe que tu représentes posssède un cable bien trop court pour être branché sans l’aide d’une rallonge, règles-tu tes comptes avec un quelconque fabricant de lampe (ou autre appareil éléctrique) ?

Absolument pas, il n’y a aucun message politique dans cette oeuvre. Mais je n’exclus pas d’en mettre un dans une prochaine oeuvre. En fait, le cordon trop court est une ellipse. J’ai voulu adapter un style narratif spécifique de la littérature au PAO. Un jour, quand j’aurai la gloire et la richesse, il y aura sans doute des commentaires de texte sur mon oeuvre. J’en profite pour attirer cette attention sur le fait que la lampe est allumée alors qu’elle n’est pas branchée ! Que doit-on en déduire ? Je laisse l’amateur tenter de percer le mystère de la pensée de l’auteur lors de la création de cette oeuvre.

Qui a tué Charlie dans la bibliothèque avec le chandelier ? est ton oeuvre qui a le plus de succès sur ZC Virtual Underground Art Gallery, comment expliques-tu cela ?

Sans doute parce que c’est une oeuvre ludique, qui invite l’amateur à élucider l’énigme. Allons bon ce n’est pas si compliqué, tous les indices sont là.

Comment t’es venue l’idée d’un crossover entre les jeux « Où est Charlie ? » et « Cluedo » ?

Eh bien dans Cluedo tous les personnages sont représentés par une couleur, et le pion qui les représente est de cette couleur. Charlie est toujours orné dans bonnet rouge et blanc. Par association d’idées, je me suis dit qu’un pion rouge et blanc égayerait quelque peu le plateau. De plus, à chaque partie, c’est le professeur Lenoir qui s’est fait assassiner. J’ai subitement été frappé par la connotation raciste de cette règle du jeu, et j’ai donc décidé d’intervertir les personnages pour réparer cette injustice. Ainsi, on se souviendra aussi de moi comme humaniste.

 

Voulais-tu simplement provoquer une polémique en plaçant une bible sur une scène de meurtre ou cela va-t-il plus moins (comme par exemple une dénonciation des méfaits de la réligion chez certains fanatiques) ?

Non, il n’y a ici aucun message religieux. On en revient encore à ma procrastination. J’avais envisagé que le livre soit « Autant en emporte le vent », ou encore « Analyse sémantique du terme topinambour de la biographie de Nostradamus », mais mes piètres talents de dessinateur ne m’auraient pas permis d’indiquer un tel titre de manière lisible sur ce livre. J’ai donc opté pour une iconographie aisément identifiable, pour faciliter la lecture de l’oeuvre.

Au final, après trois oeuvre d’un style totalement différent, cette dernière semble puiser du côté de Lampe en équilibre instable non rattrappée par un gaucher un peu gauche pour le graphisme et du Rat d’eau de la méduse pour l’aspect rébus. As-tu finalement définit ton style avec cette oeuvre ?

Je pense qu’un véritable artiste se réalise dans le renouvellement de son style. Comme Shangri-l, j’expérimente et ne souhaite pas me retrouver étiqueté dans telle ou telle catégorie de pixelartiste obscur. Je préfère qu’on se souvienne de moi comme un artiste innovant.

 

Comptes-tu poursuivre ta carrière de pixelartist obscur ? Si oui, quand pourra-t-on voir tes nouvelles oeuvres ?

L’inspiration ne vient pas sur commande ! J’espère avoir à nouveau les moments de désoeuvrement nécessaires à mon processus de création, mais je suis actuellement très occupé dans ma vie privée.

 

Tu serais à l’origine de l’initiation au Pixel Art Obscur de Shangri-l, artiste le plus prolifique du mouvement et créateur de ZC Virtual Underground Art Gallery… à moins que cette initiation ne vienne du morse des mers (voir l’interview de Shangri-l ainsi que ses propos dans l’introduction de sa rétrospective vidéo). Peux-tu nous éclairer à ce sujet ? Te revendiques-tu comme le parrain officiel de Shangri-l ?

Ce fût une excellente initiative, et je voudrais qu’elle soit mienne. Mais je ne crois pas que ce soit le cas. Je pense que c’est plutôt Le morse des mers qui a initié Shangri-l.

 

Concernant ZC Virtual Underground Art Gallery, pourquoi avoir choisit d’y herberger tes oeuvres PAO ?

Il fallait une vitrine à la hauteur de mes oeuvres, et je fais confiance à Shangri-l pour cela. Il est très respectueux des droits d’auteur, et on dirait qu’il gère le projet à plein temps ! Cela me laisse ainsi tout le temps nécessaire pour me consacrer à mon ascension vers la gloire et la richesse.

Que penses-tu des oeuvres de chacun des autres artistes que tu cotoies sur ZC Virtual Underground Art Gallery ?

Je pense qu’ils sont tous très prolifiques, et certains seront même au panthéon des pixelartistes obscurs. Mais franchement, aucun ne m’arrive vraiment à la cheville…

Outre le recensement de créations autopubliées, le site héberge également des ready-made, des peintures, des créations originales, envisages-tu d’oeuvrer un jour dans un de ces domaines ?

Comme pour le PAO, j’attends le moment de désoeuvrement qui me conduira à l’inspiration. Le moment actuel n’est malheureusement pas propice à cela.

Quel regard as-tu sur les oeuvres publiées hors PAO ?

Les autres courants sont très intéressants. Je pense qu’ils participent énormément à l’émergence de toute une culture underground. Mais on se souviendra toujours des origines, et donc du PAO, et donc de moi.

On dit que t’es porté acquéreur de l’oeuvre Moellon 2. Es-tu fan de moelloning4 ?

Je considère qu’un artiste accompli sait reconnaître le talent de ses pairs. En l’occurrence, Moellon 2 est une oeuvre majeure dans le courant du ready-made. Il sera de toute beauté dans mon salon.

Peux-tu nous dire qu’elle a été le montant de la transaction concernant  Moellon 2 ?

Je n’en ai plus aucune idée. Mais l’art n’a pas de prix (enfin, Van Gogh ne vendait pas ou très mal ses peintures de son vivant, alors j’espère que la transaction ne dépassait pas les quelques euros5).

Quand comptes-tu finaliser cette transaction : c’est à dire régler le montant et récupérer l’objet ?

J’espère pouvoir le faire bientôt, mais j’ai encore beaucoup à faire dans l’aménagement de ma galerie d’artiste.

Tu pratiques le demomaking (ton oeuvre Lack Of Disco sera bientôt recensée sur ZC Virtual Underground Art Gallery6), peux-tu éclairer les néophytes sur cette activité ?
Le demomaking est une forme d’art informatique. Il se pratique par groupe, et, comme dans les groupes de musique, chaque membre a une ou plusieurs fonctions : programmation, graphisme, musique, design…

Pour avoir une idée plus précise de ce dont il s’agit, il faut revenir une trentaine d’années en arrière. Sur les premiers ordinateurs personnels (Commodore, Atari, Amiga…), les groupes de cracking se livraient entre eux une course de vitesse pour déjouer les protections des jeux vidéos et utilitaires dédiés à ces machines. Pour accroître leur renommée, ils « signaient » leur piratage d’une petite introduction animée, qui s’exécutait automatiquement au lancement du logiciel, ou qui était livrée avec. Peu à peu, les membres de ces groupes de cracking se spécialisèrent : certains dans le piratage proprement dit, d’autres dans la création de ces introductions.

Puis, une sorte de schisme eut lieu. Ceux qui créaient les introductions commencèrent à le faire sans besoin d’accompagner un logiciel piraté. Ils le faisaient uniquement pour montrer leur capacité à dominer le hardware par des astuces de programmation. Et leurs productions s’étoffant de plus en plus, on finit par les appeler des « démos », car il s’agissait littéralement de démonstrations techniques. Et cela a continué d’évoluer jusqu’à aujourd’hui, en même temps que le hardware évoluait, permettant la création de plus impressionants effets, tout en laissant une plus grande place au design. Régulièrement, les démomakers se réunissent dans des démoparties, qui sont des meetings pouvant rassembler plusieurs centaines de ces geeks. Des compétitions sont organisées pour élire les meilleures intros et démos. Les graphismes 2D et 3D ont aussi leurs compétitions. La plupart des démomakers sont européens, principalement originaires des pays germaniques ou scandinaves. Mais on voit fleurir quelques démoparties aux Etats-Unis ou en Australie. Cette scène a notamment été repérée par les constructeurs de hardware, notamment par nVidia qui organise régulièrement une démoparty aux US. C’est aussi un bon moyen pour eux de promouvoir leur matériel. Je finirai cette rapide introduction en faisant remarquer que beaucoup des meilleurs demomakers sont actuellement très actifs dans le domaine du jeu vidéo. Je pense par exemple à Statix du groupe Acme, qui a travaillé avec Peter Molyneux (le créateur de Populous) sur Black & White 1 et 2, et a ensuite créé son propre studio de développement pour créer Little Big Planet sur PS3. J’ai moi-même travaillé chez Infogrames il y a une dizaine d’années.

En ce qui concerne mon activité dans le démomaking, j’ai rejoint le groupe PoPsY TeAm en 2009 en tant que programmeur sur Nintendo DS. J’étais attiré par le challenge de programmer sur un hardware limité mais aux capacités bien particulières. Au final, nous avons présenté notre première démo sur NDS, Lack of Disco à la Main Demoparty, qui a lieu à Arles chaque année en octobre. Pour ce faire, nous avons l’honneur de bénéficier d’un dessin 2D réalisé par le fameux Profil du non moins fameux groupe Eclipse, qui était une des références françaises dans le démomaking de la fin des années 80 / début des années 90.

Par ailleurs, avec la PoPsY TeAm nous organisons chaque année une démoparty, la VIP (pour Very Important Party). Cette année elle se déroulera à Thoissey du 9 au 11 juillet7.

Ton site GEEK N’ROLL vient d’être mis en ligne, quel en sera le contenu ?

Pour l’instant il n’y a qu’une seule rubrique, intitulée La démo du mercredi, dans laquelle je présente chaque semaine une démo qui a retenu mon intérêt. Dans l’avenir je créerai d’autres rubriques, plus généralistes dans le domaine du geek, mais aussi des rubriques en rapport avec ce qui est Rock n’Roll (et il ne s’agira pas que de musique !), car il faut bien coller avec le nom du site 🙂

Enfin, as-tu d’autres passions et/ou activités ?

Je suis récemment devenu fan inconditionnel de la série Doctor Who de 2005, celle qui fait suite au film des années 80 mettant en scène Peter Cushing dans le rôle du docteur. Je pratique également le violon, quand j’en ai le temps ET la motivation. Mais pour le moment l’essentiel de mon temps se résume à déballer les cartons suite à l’emménagement récent de ma copine avec moi.

 

Propos recueillis par Le morse des mers

 

 

Annotations :

  1. Site à l’origine du mouvement Pixel Art Obscur.
  2. Flure fait ici référence à trois oeuvres : Le dernier à l’eau à gagné – La finale par oCo, Les tentacules de l’entertainment par Koto et Le radeau de la méduse perdue par Thanos.
  3. Un morse squatte le radeau.
  4. Mouvement lancé par Shangri-l, dérivé du ready-made. Voir la page du Moellon Project pour de plus amples informations.
  5. Selon nos estimations, la transaction s’élèverait à exactement 1€ et 22 centimes.
  6. Lack Of Disco a été publié sur ZC Virtual Underground Art Gallery quelques jours après cette interview.
  7. A l’heure où nous publions cette interview, la VIP 2010 a déjà eu lieu, ce qui n’était bien évidemment pas le cas au moment de l’entretien.

 

Tous droits réservés © ZC Virtual Underground Art Gallery 

 

Interview de Thanos du 09/06/2010

 

Interview de Thanos

 par Le morse des mers

 

  • Interview réalisée le 09/06/2010
  • Dernières annotations le 16/07/2010

  

  

Figurant parmi la poignée de pionniers du mouvement dès le lancement de Panda Pixela, Thanos    est cependant un artiste discret dans le paysage du Pixel Art Obscur, mais non moins actif, en témoigne la force de chacune de ces publications.

Il livre ses secrets les plus intimes en exclusivité pour ZC Virtual Underground Art Gallery

 


Comment as-tu connu le Pixel Art Obscur ?
C’est très simple : j’ai des accointances avec le créateur de ce mouvement.


Quel est l’élément déclencheur grâce auquel tu as décidé d’entrer dans le cercle restreint des artistes Pixel Art Obscur ?
J’ai juste kiffé, et du coup, je me suis « pourquoi pas moi ? « . Après tout, il ne tient qu’à nous de prendre notre destin en main et de se lancer.


La base Thanos du Panda te rend directement hommage. Comment as-tu réagi en découvrant cette base sur Panda Pixela ?
J’ai été plutôt flatté, d’autant que cette base est un peu une fusion entre ma tête et un cactuar (célèbre monstre de la série de jeu Final Fantasy), donc c’est doublement un honneur.


Le Panda t’a-t-il consulté pour l’élaboration de cette base ?
Non, pas du tout. En même temps, ça ne m’étonne pas de lui, je crois qu’il a un peu pris la grosse tête avec toute cette histoire de PAO…


Que penses-tu des oeuvres dérivées de cette base comme Immortels Anonymes Dont Un Avec Un Verre De Xeres Et Un Autre Avec Un Rateau A Herbe de Shangri-l ?
Je dois dire que l’artiste qui a réalisé cette oeuvre à beaucoup de talent. Je n’ai pas contre pas trouvé où était le râteau à herbe1 !

 

Le morse des mers à utilisé cette base pour Balayette-man in Balayette World. Il affirme (voir son interview du 26/12/2008) qu’il illustrait en image la passion de celui qui a servit de modèle pour la base, autrement dit toi. Confirmes-tu ces propos ?
Oui, tout à fait. Pour moi, la balayette est un objet sacré, sensuel et tellement gouleyant, pouvant se décliner sous différentes formes. Et en plus, on peut se les mettre dans l’cul (avec le manche, et l’étiquette) !

  

Es-tu vraiment un fétichiste de la balayette ?
Si vous saviez …

 

Es-tu un collectionneur acharné de cet objet ?
Non, car je sais que si je m’adonne pleinement à cette passion, je risque trop de m’y perdre.

 

Combien possèdes-tu de balayettes ?
Deux. Une balayette « à chiotte » et une balayette pour ramasser les saletés (vous savez, ces balayettes qu’on utilise pour pousser la poussière et les miettes dans une petite pelle, une fois qu’on a passé le balai).

  

Quelles sont les différentes utilisations que tu en fais ?
Je préfère que ça reste de l’ordre du privé, sauf si vous pouvez m’assurez une protection contre les mineurs à cet interview !

  

Avant de fermer la parenthèse « balayette », quelle marque et quelle modèle de balayette conseillerais-tu aux visiteurs de ZC Underground Art Gallery ?
Une balayette BaC 72689, avec manche en ivoire et étiquette en papier glacé.

 

D’autres base du Panda rendent hommage a des personnes de ton entourage. Que penses-tu par exemple des bases Sebastien et Terra ?
Je trouve ça touchant de voir que Le Panda s’est servi de ses amis pour faire certaines de base. Ca montre bien là toute la générosité et la gentillesse de cet homme. Ou alors, ça veut tout simplement dire qu’il n’a aucune imagination et qu’il s’est honteusement servi de nous pour accéder à la gloire et à la richesse.

 

Rendent-elles justice à leur modèle respectif ?
Oui et non. On reconnaît bien les modèle respectif mais si je devais émettre une critique, je dirai que la base Sébastien a une disproportion négative au niveau du tour de tête. Quant à la base Terra, tout le monde sait que ses chats sont beaucoup plus «sacoche» que celui représenté sur la base.

 

Tu étais là dès la naissance du mouvement Pixel Art Obscur, pourtant tu as peu publié sur le site Panda Pixela, unique vitrine du PAO à l’époque (seule trois de tes oeuvres y sont recensées). Est-ce par souci de privilégier la qualité à la quantité ou par manque de temps ?
J’ai effectivement cherché la qualité. Il faut aussi ajouter que mes dernières oeuvres n’ont pas été publiées. Et puis, je dois aussi ajouter qu’à cette époque, je travaillai à la SNCF, ce qui ne me laissait pas beaucoup de temps pour les à-côtés, comme chacun peut l’imaginer !

  

Peux-tu nous en dire plus sur la genèse de ta première oeuvre, L’homme de De Vinci vu par Narcisse ?
Disons que ça m’a tout simplement sauté aux yeux. Quand j’ai vu la base, j’ai tout de suite pensé que si on devait envoyer une nouvelle sonde dans l’espace, c’était la base Narcisse qui devrait servir de modèle d’humain à envoyer pour d’hypothétique extraterrestre.

 

Pourquoi avoir choisi la base Narcisse ?
Une révélation je pense, comme expliqué plus haut. Et je voudrai, si des extraterrestres venaient à tomber sur nos sondes, qu’ils voient les changements de nos sociétés, devenu consumériste à souhait, causant l’obésité des humains. Et Narcisse est parfait pour ça.

 

Leonard De Vinci est-il un artiste que tu admires ?
Pas tant que ça. S’il avait été si admirable, il aurait inventé le PAO !

 

Est-ce ton unique source d’influence sur cette oeuvre ou as-tu des actions chez Manpower ?
Pour être franc, je rêve secrètement que les extraterrestres se mettent à l’intérim !

  

Le radeau de la méduse perdue est une adaptation surprenante de l’oeuvre de Gericault. As-tu utilisé une technique particulière pour reproduire les éléments du tableau original ?
Il a d’abord fallu que je repère parmi toutes les personnes présentent sur le radeau lesquelles étaient vraiment importante pour la cohésion de l’oeuvre. C’est tout un travail de recherche qui m’a pris des jours et des jours. Ensuite, un logiciel de dessins, une souris et hue cocotte !

 

Pourquoi avoir donné la parole aux personnages du radeau via des bulles ?
Ces personnages avaient tellement de chose à dire, tellement à exprimer et à nous apprendre. C’est pour ça que j’ai du limiter le nombre de personnages, pour ne pas être submergé de bulles et ainsi noyer les spectateurs et l’éloigner de l’intention première de l’oeuvre.

  

On sent, à travers ces bulles, l’influence de la bande-dessinée. Es-tu un passionné du neuvième art ?
Oui, tout à fait. Et plus particulièrement de Comics (bande-dessinée américaine). Contrairement aux balayettes, je ne me fous pas mes BDs dans le cul !

  

Tout comme Le radeau de la méduse perdue, Sausages in the commodes a été créée pour les besoins d’un concours sur Panda Pixela. Ces oeuvres de commande ont-elles été une contrainte pour ton inspiration ?
Non, bien au contraire. Il est toujours intéressant de voir les différentes déclinaisons d’un même thème. Et pouvoir se confronter aux autres est toujours sources de motivation.

 

Comment t’est venu l’idée de cette mise en scène pour Sausages in the commodes ?
L’idée m’est venue lorsque j’avais perdu un paquet de Knacki, que j’ai retrouvé dans mon tiroir à couvert. Je me suis alors dis «j’aurai tout aussi bien pu le mettre dans ma commode !». Et voilà, le projet était lancé.

 

On sent une véritable maturité dans ton style sur cette oeuvre, aucun détail n’est laissé au hasard (ombre des personnages, reflet dans le miroir, …). Qualifies-tu cette oeuvre de charnière dans ta carrière de pixel artist obscur ?
Je me suis beaucoup appliqué sur cette oeuvre effectivement, pour montrer qu’on pouvait porter grand soin au détail, même quand on fait de le PAO. C’est un peu un pied-de-nez à tous ceux qui pensent que le PAO n’est que brouillon et approximation.

 

La base Ghost and sausages était imposée mais tu as décidé de représenté le second personnage de la scène par la base Giacometti plutôt qu’une création originale. Pourquoi ce choix ?
J’aime les cross-over, d’où ma passion pour les Comics je pense. Et je sentais beaucoup de potentiel dans cette base Giacometti, sans vraiment savoir quoi exactement. Ce n’est que plus tard que j’ai réalisé ce qui m’attirait tant dans cette base.

 

Parmi les détails de la scène, on remarque la présence de ton oeuvre Le radeau de la méduse perdue. Est-ce une forme de Pixel Art Obscur sampling inversé (voir l’interview de Shangri-l du 17/12/2008) ?
Ce que j’essaye surtout de faire, c’est de créer un univers autour de mes oeuvres, quelque chose de cohérent. Chacune de mes oeuvres s’inspire des autres et fait partie d’un tout. J’ai surtout essayé de dire par là que si la saucisse avait fait de l’intérim, elle n’en serait pas là !

  

Comment t’es-tu pris pour représenter cette version réduite ainsi que l’effet granuleux rappelant la texture d’une toile de maître ?
C’est une technique plutôt complexe que je me garderai bien d’expliquer ici pour ne pas ennuyer le lecteur. Et puis, il faut bien garder une part de mystère *rire*.

  

Par ailleurs, on constate l’absence de deux bulles de dialogues par rapport à l’original, doit-on y voir une signification particulière ?
Je voulais garder seulement l’essence de cette toile, et ainsi, je l’espère, provoquer un débat national autour du port de la méduse en eau galeteuse.

 

Le dialogue est également présent dans Sausages in the commodes. Est-ce par volonté d’instaurer un aspect comic book à ton style graphique ?
Tout à fait. C’est encore une fois dans une volonté de créer un univers cohérent, comme Marvel à su le faire ces Comics.

 

La référence au comics est totalement confirmée par ta galerie « Les Quatre Fantastiques ». Pourquoi avoir choisi d’illustrer cette série ?
Tout a commencé quand j’ai réalisé que ce qui me turlupinait tant avec la base Giacometti : c’était pour moi l’incarnation parfaite de Mr Fantastic. Les trois autres ont tout simplement découlé de cet état de fait.

 

Y a-t-il eu une reflexion particulière quant au choix des bases que tu allais utiliser pour représenter les quatres personnages de la série ?
Il fallait trouver des bases qui ressemblaient le plus aux personnages de Marvel. Le choix pour Giacometti/Mr Fantastic a été évident, tout comme celui de Terra/Femme Invisible, puisqu’il n’y a qu’une seule femme dans les bases de Panda Pixela. Pour les deux autres, il a fallu plusieurs semaines de recherche et de tests avant de trouver les meilleures bases pour représenter ce que j’avais en tête.

  

Pourquoi avoir choisi le même décor pour ces quatre portraits ?
Au départ, je voulais faire les quatre personnages dans le même tableau, avec ce décor là, genre family portrait. Puis, je me suis dis que ce serait plus rendre hommage aux personnages de les représenter chacun dans une oeuvre distincte. J’ai gardé le décor pour me souvenir de mon idée de départ, car il ne faut jamais oublier ses racines.

 

Concernant La femme invisible, pourquoi ne pas avoir repris le chat habituellement indisociable de la base Terra ?
Il est bien connu que La Femme Invisible n’a pas de chat. Après, toute la question était de savoir si j’associais honteusement un chat à La Femme Invisible ou si je dissociais frauduleusement Terra de son chat … vous connaissez mon choix.

  

Est-ce une volonté de remise en cause du principe d’utilisation des bases instaurés par Le Panda ?
Il faut savoir briser les règles pour subjuguer l’art. Et c’est ce que j’ai fais ici, ou tout du moins, c’est ce que j’ai essayé de faire.

  

La Torche est une véritable réussite graphique. Comment as-tu procédé pour rendre les flammes autour du personnage si vivantes ?
C’est simple : j’ai kidnappé une personne dans la rue et je lui ai mis le feu. Le plus gros challenge était de reproduire ça par-dessus la base Thanos avant la fin du feu.

 

Le personnage dans La Chose est réellement impressionnant, la présence de la base Sébastien n’y est sans doute pas étrangère mais elle est transcendé par les éléments que tu y a ajoutés. As-tu eu une attention particulière sur l’aspect de ce personnage ?
Oui, il fallait rendre le coté rocailleux de La Chose. Je pense d’ailleurs avoir eu plus de boulot que les dessinateurs de Comics étant donné la taille de l’appendice tétale de la base Sébastien.
Si vous observez bien cette oeuvre, vous remarquerez d’ailleurs un élément insolite qui s’y cache !2

 

On retrouve cet aspect soigné dans la coupe de cheveux de Mr Fantastic. Pourquoi cette coiffure ?
C’est tout simplement la coiffure d’origine de Mr Fantastic. Il est bien connu que ce qui est le plus dur à retranscrire, ce sont les cheveux et les mains. Les mains sont déjà faite dans les bases. Quant aux cheveux, ceux de Terra sont déjà inclus dans la base, et La Chose et La Torche n’en ont pas. Si je voulais faire ressortir tout mon talent capilaire, ça devait être sur Mr Fantastic. C’est pour ça que j’ai tout donné pour ça. J’étais tellement épuisé que j’ai passé deux jours consécutifs au lit pour m’en remettre.

 

Après cette série, as-tu envisagé d’adapter d’autres comics à la sauce Pixel Art Obscur ?
Non, je me suis dis qu’il fallait passer à autre chose, pour ne pas m’enfermer dans un seul type d’
oeuvre.

  

Cette série était destinée à être publiée sur Panda Pixela. L’arrêt brutal des mises à jour sur le site ont-elles eu raison de ta carrière de pixel artist obscur ?
Oui, je pense qu’on peut le dire ! Sans ça, j’aurai sans doute continué sur cette voix, mais rien n’est moins sur.

 

Tu as aussi a ton actif une série de monochrome représentant l’habillage de trois sites que tu administres : Games Memories, Final Fantasy Memories et Zelda Memories. Peux-tu nous décrire le contenu de ces sites ?
Les sites FF Memories et Zelda Memories sont des sites qui proposent des soluces complètes sur ces jeux (les anciens pour la plupart). Games Memories est un portail regroupant des news sur ces deux sites et permettre de naviguer facilement de l’un à l’autre. On y retrouve deux de mes amis et compères des Jumping Stools et du Pixel Art Obscur : Le morse des mers et Le Panda.

 

Comment as-tu élaboré les nuances de ces trois monochromes ? Recherchais-tu un résultat particulier ? Si oui, l’as-tu obtenu au final ?
J’ai tout simplement pris les couleurs de fond des trois sites. Le but recherché était juste de faire parler des sites, de faire cliquer les gens et de faire p’ter toutes les stats ! Le résultat n’a pas été obtenu, mais je crois que c’est surtout parce que ça fait très longtemps qu’il n’y a pas eu de mise à jour sur ces sites !

 

Ces monochromes ainsi que la série « Les Quatres Fantastiques » ont finalement été publiées deux ans plus tard sur ZC Virtual Underground Art Gallery (anciennement Zircanews). Comment as-tu été approché par l’équipe du site ?
J’ai été contacté par Shangri-l qui m’a fait part de son envie de créer un espace dédié au PAO sur Zircanews et m’a gentiment demandé si j’acceptais que mes
oeuvres soient diffusé par ce média, ce que j’ai tout de suite accepté.

 

Qu’est-ce qui t’as convaincu publier tes oeuvres sur ZC Virtual Underground Art Gallery ?
L’envie de faire perdurer cet art trop méconnu des gens.

 

Que penses-tu des autres artistes Pixel Art Obscur publiant dans ZC Virtual Underground Art Gallery ?
Je suis assez fan de leur travail, d’autant que chaque artiste a son propre style, unique, et qui ne ressemble à aucun autre.

 

Quelles sont tes oeuvres préférées parmi celles publiées par ces artistes ?
J’aime beaucoup Qui a tué Charlie dans la bibliothèque avec le chandelier ? de Flure, Dawn of the sausages, Allégorie du tractopelle et Jésus était un beauf du morse des mers et John Lennon, Eté, Tassin de Nicolas Chartoire.

 

Que penses-tu du site en général et des autres formes d’arts qu’il met en avant ?
C’est bien de voir enfin un espace sur le Net pour parler des formes d’art un peu underground.


Penses-tu te remettre à la création d’oeuvres Pixel Art Obscur dans un avenir proche ?
Rien de prévu pour le moment, mais vous savez ce que c’est : l’inspiration peut tomber sur n’importe qui, n’importe quand.

 

Envisages-tu de te lancer dans une autre forme d’expression soutenue par ZC Virtual Underground Art Gallery (moelloning, peinture, …) ?
Si seulement j’avais un moellon…

 

Parle-nous un peu des Jumping Stools dont tu es l’un des membres historique avec d’autres pixel artists obscurs. Que représente ce groupe pour toi, assez atypique dans le paysage musical français reconnaissons-le ?
Les Jumping Stools sont des artistes buccaux. On pourrait dire a-cappella, mais il y a aussi des instruments (même s’ils sont fait à la bouche). Pour moi, c’est avant tout un groupe de potes. Et chacune de ces chansons racontent une aventure ayant été vécu par certains membres de ce groupe. Certaines chansons, même si elles sont rares, sont aussi engagées. Et il faut croire que nous avons été entendus puisque George Bush n’a pas été réélu, suite à nos chansons sur lui.

 

Le côté parodique des Jumping Stools se retrouve-t-il dans tes créations PAO ?
Dans un certains sens oui, avec notamment Le radeau de la méduse perdue ou « Les Quatres Fantastiques ».

 

Quel style de musique écoutes-tu ?
J’écoute surtout du rock, des trucs qui bougent quoi, et particulièrement les artistes engagés, comme les Cowboys Fringants ou Renaud.

 

On dit que tu es un grand amateur de jeux vidéo. Quelles sont tes jeux et styles de jeux favoris ?
Oulà, il y en a tellement ! Mais je citerais en vrac les Final Fantasy, Zelda, Mario (globalement, la plupart de ce qui sort de chez Nintendo), MGS, et tant d’autres !

 

Le jeu vidéo influence-t-il tes créations (Pixel Art Obscur ou autres) ?
Non, comme on l’a vu, ce sont plus les Comics. Mais qui sait, mon retour au PAO se ferra peut-être via les jeux vidéo !

 

Quels sont tes goûts en matière de cinéma et de littérature ?
Je suis assez bon public en ce qui concerne le ciné. J’aime bien entendu les adaptations de Comics, et sinon, les films d’héroic fantasy ou d’action/aventure.

En littérature, je ne suis pas un grand lecteur, mais je suis très, très fan de Terry Pratchett (Annales du Disque Monde), de Stephen King et de Daniel Pennac.

 

Hormis les balayettes, as-tu d’autres hobbies/activités ?
Je fais du taekwondo (il faudrait que j’invente un art martial à base de balayettes un jour !) et du GN (jeu de rôle Grandeur Nature) … beaucoup de GN, j’adore ça.

 

Propos recueillis par Le morse des mers

 

 

Annotations :

  1. Le rateau à herbe se trouve dans la main gauche du personnage sur la nacelle bleue (en haut à droite du dessin).
  2. Non mais cherchez donc ! On ne va pas vous mâcher le travail avec une simple annotation !

 

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